N.Lutovac: « Jouer en LBE pour la première fois de ma vie est juste plein d’éclat »

N.Lutovac: « Jouer en LBE pour la première fois de ma vie est juste plein d’éclat »

N.Lutovac: « Jouer en LBE pour la première fois de ma vie est juste plein d’éclat »

Arrivée en 2020 au Mérignac Handball,  Nikolina Lutovac nous a accordé quelques instants pour répondre à nos questions. Sa jeunesse en Serbie, l’obtention de la double nationalité franco-serbe, son parcours dans ses différents clubs en France ainsi que sa première saison en Ligue Butagaz Energie, elle aborde avec nous tous ces moments fort de sa vie entre ses deux pays. L’intégralité de l’interview ci-dessous:

 

1. Bonjour Nikolina et merci de prendre un peu de ton temps pour répondre à nos questions. Comment vas-tu ? Arrivée à Mérignac cette saison, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Bonjour. Je suis née à Belgrade en Yougoslavie (Serbie aujourd’hui) et je suis de nationalité Serbe. J’ai commencé le handball à l’âge de 9 ans dans la section de mon école. Mes clubs formateurs étaient Vozdovac puis Sloga. A l’âge de 14 ans j’ai commencé à jouer avec les seniors. Mon objectif sportif a toujours été d’avoir une carrière de sportive professionnelle à l’étranger. J’ai eu beaucoup de chance que la France soit mon premier et seul pays adoptif. Je suis arrivée ici en 2008 et je n’ai jamais voulu repartir. J’ai fait des études de Langues et Littératures serbes à Belgrade, mais j’ai également poursuivi mes études en France avec un Bac+3 dans la Communication et Marketing et enfin, un Diplôme d’Etat de jeunesse et sport mention handball. Issue d’une famille de sportifs, ma mère faisait du handball et mon papa de la boxe. J’ai 2 sœurs et un frère. Mon petit frère Aleksandar est un joueur professionnel de football, il évolue au Partizan Belgrade et ma petite sœur Ivona est handballeuse à Saint-Étienne.

2. Peux-tu nous raconter ton enfance et jeunesse en Serbie jusqu’à ton arrivée en France à l’âge de 21 ans ?
Difficile de résumer ça en quelques phrases. La Serbie a été frappée par la guerre à plusieurs reprises et même si j’étais jeune, je m’en souviens assez bien. Nous avons été élevés dans la modestie avec mes sœurs et mon frère, mais on a eu une enfance heureuse. Dans mon club, on s’entraînait 8-9 fois par semaine en jonglant entre les études et les transports en commun, en ayant un « statut pro » mais sans être payés. On s’entraînait dehors, sur les terrains en béton de mars jusqu’à début novembre parfois, chose normale pour les clubs de la capitale qui n’avaient pas les moyens de payer les créneaux dans les salles. On récoltait l’argent pour payer nos maillots, nos stages de préparation ou nos sandwichs après les matchs. Pouvoir venir jouer en France était non seulement un rêve, mais aussi une énorme récompense de tous les sacrifices durant mon adolescence.

3. Depuis ton arrivée en France en 2008, tu as fait le choix de rester ici. Comment s’est passé ce processus si particulier de double nationalité que tu as acquise en 2016 ?
Je suis vite tombée amoureuse de la France. J’étais tellement ravie de ma nouvelle expérience que j’ai travaillé en tant que correspondante pour Balkanhandball (un site d’actualités handballistiques sur les Balkans). J’avais envie de partager tout ce que j’étais en train de vivre, je l’avais fait sur une forme de blog en comparant la vie d’une handballeuse serbe et d’une handballeuse française. Suite à mon intégration dans la société française, j’ai pu faire la demande de double nationalité en 2015. J’ai été convoquée dans l’année à un entretien d’assimilation où l’on m’a posé pas mal de questions sur l’histoire française, des noms de rivières, villes, départements… Même si c’était assez rigolo, comme un petit quizz, je dois avouer qu’on m’avait demandé les noms de certains politiciens et que je n’en connaissais pas! (rires)
Cette double nationalité je l’ai obtenu en 2016 et j’en suis fière. Mais ça ne veut pas dire que mes coéquipières ne rectifient plus mes petites erreurs de français du quotidien !

Crédit Photo: Loïc Cousin

4. Tu as un parcours de handballeuse atypique ; Tu as en effet fait partie de l’équipe nationale de Serbie de Beach-Handball. Quels atouts cela t’as permis d’acquérir pour le handball « classique » ?
Etre convoquée à l’époque pour le Championnat d’Europe en Allemagne et 1 an plus tard en Italie, c’était plutôt une reconnaissance suite à mes belles prestations dans le Championnat Serbe indoor. C’était une superbe expérience. J’ai apprécié les entraînements sur le sable et je trouve que ceci m’a aidé à augmenter mon explosivité et ma vitesse. En Serbie existe aujourd’hui un championnat beach à part et il est en train de se développer, et ceci fait tellement plaisir pour ce sport qui n’est pas assez valorisé ni connu.

5. Tu es, on peut le dire, une joueuse d’expérience. En effet, tu as connu plusieurs clubs, en passant par 3 clubs de N1 et 2 clubs de D2F. Que retiens-tu de ces différentes aventures sportives ?
Ma première ville en France a été Strasbourg. Et cela restera ma ville de cœur. J’ai gardé encore le contact avec mes copines d’ATH (club d’Achenheim en Alsace) et on essaye de se voir régulièrement. Ensuite j’ai été dans le Nord puis dans le Limousin et je vous laisse imaginer comment mon accent évoluait au fil des années (rires)! Dans tous les clubs ou je suis passée il y avait une ambiance familiale et j’ai été vite intégrée. Dans mon dernier club, à Rochechouart St Junien, j’ai eu le brassard de capitaine et ceci m’a fait beaucoup évoluer en tant que joueuse. Nous, les sportives, nous sommes des éternelles insatisfaites, on cherche toujours à se dépasser, être les meilleures, être au « niveau » comme on aime toujours dire. Mais ce rôle de capitaine m’a fait comprendre que même lorsqu’on est pas à ce niveau si exigent, on doit laisser son ego de côté et se montrer présente pour son équipe et surtout pour les plus jeunes. J’ai fait des rencontres extraordinaires dans mes clubs français, les gens qui m’ont fait grandir, qui m’ont fait découvrir du bon vin, qui m’ont inspiré…

6. Tu es arrivée au MHB dans le but de renforcer la jeune équipe de N1 et lui apporter toute ton expérience. Avec la crise du Covid19 et les championnats à l’arrêt, on te voit faire de belles apparitions dans le championnat de LBE que tu découvres pour la première fois dans ta carrière. Quel est ton ressenti par rapport à cela ?
L’arrivée de Christophe a fait un bien fou à ce groupe et à moi aussi, car j’ai eu mon opportunité en LBE. Personnellement je me sens bien dans le groupe, je fais de mon mieux pour apporter, pour me rendre utile au groupe tout en essayant de corriger mes petits défauts (pas facile à 34 ans mais la volonté y est!). L’ambiance dans le groupe est superbe et bienveillante. Jouer en première division pour la première fois de ma vie est juste plein d’éclat. Me lever à 7h du matin et faire 2h de muscu peut être qu’un plaisir quand je sais que je vais voir les têtes perchées de mes coéquipières.

Crédit Photo: Loïc Cousin

7. Nous arrivons au terme de la première phase du championnat. Quel bilan tires-tu de ces 6 premiers mois ?
L’équipe est en train de grandir. Je mentirai si je dirais que on est contente avec 2 victoires et 1 match nul depuis le mois d’août. On sait pertinemment qu’on a loupé quelques rendez-vous cruciaux mais on sait que la bataille est longue encore. Et qu’on a toutes les capacités à y arriver.

8. La deuxième phase de championnat va commencer fin février : 15 matches en 3 mois. Comment est l’état d’esprit du groupe face à ce marathon qui s’annonce éprouvant physiquement ?
Christophe nous a fait comprendre que la tâche la plus urgente reste le travail sur nous-même et les filles en sont conscientes. Personnellement, je n’ai vraiment pas compris cette nouvelle formule parce que finalement nous allons avoir plus de matchs et plus de déplacements que prévu et cela est un énorme point de vigilance dans la gestion d’équipe, de la fatigue et des éventuelles blessures. Christophe et Romain Rougier (préparateur physique du MHB) font un boulot énorme pour essayer de minimiser tout ça et nous garder dans la forme olympique pour les Play-Downs. L’équipe est focus sur l’objectif, nous savons ce qui nous attend et nous allons œuvrer ensemble pour que le MHB soit le mieux placé à l’issue de cette compétition.

9. Nous savons que l’objectif reste évidemment le maintien dans l’élite. A titre personnel, que peut-on te souhaiter pour cette fin de saison ?
Le maintien déjà, ça sera super! Et à côté, je ne demande pas grande chose : du soleil, des rires et qu’on arrête de me voler mon ballon et mon chasuble à l’entraînement.

Un grand merci pour tes réponses et à très bientôt sur les terrains !